Faute d’ascenseur pendant neuf mois, Mimoun, en fauteuil roulant ne pouvait plus quitter l’appartement. Il attend impatiemment son relogement dans les nouveaux
Premiers relogements dans des HLM neufs, signature d’un engagement de rénovation urbaine: le quartier au cœur d’une opération d’intérêt national entame sa mue.
Les cartons commencent à s’empiler dans le salon. Le déménagement est prévu pour janvier. De sa fenêtre au 8e étage, Najat a une vue imprenable sur le chantier du futur tramway, mais surtout sur son nouvel immeuble « Langevin », où les premiers locataires ont commencé à s’installer, à Clichy-sous-Bois.
Quatre pièces, pas une de plus que là où elle vit avec son mari, leurs trois enfants et son frère Mimoun, depuis plus de treize ans, allée Victor-Hugo. De propriétaires, ils vont devenir locataires, comme Mimoun, qui aura son HLM, au rez-de-chaussée. « C’est une nouvelle vie », espère Najat, autour d’un thé à la menthe et de gâteaux maison.
Les barres de plus de 10 étages seront démolies
« C’est une étape importante pour le Bas-Clichy », se réjouit aussi Olivier Klein, le maire (PS) et président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru).
Ce mardi, en présence du ministre Julien Denormandie, doit également être signé l’acte d’engagement qui marquera le renouvellement urbain des Bois-du-Temple, dans ce même quartier, qui n’avait pas bénéficié du premier programme de rénovation urbaine, en 2004.
L’opération de requalification des copropriétés dégradées du Chêne-Pointu —déclarée d’intérêt national—, prévoit notamment la démolition des barres de plus de 10 étages, comme celle où vit Najat, avec un rachat des propriétés par l’Etat et le relogement des habitants. Qui deviennent ainsi locataires. « Même si on perd de l’argent, on gagne la santé, l’esprit tranquille », résume Najat, qui songe à reprendre ses études.
Neuf mois sans ascenseur, trois mois sans lumière dans les parties communes, des dégâts des eaux, de colonnes descendantes… et 1 500 € de charges par trimestre ont convaincu la famille d’accepter la proposition de l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France (Epfif). « On nous rachète l’appartement 58 000 € en échange d’un logement HLM à 853 € de loyer par mois », détaille Najat, qui n’a pourtant toujours pas fini le remboursement de son emprunt allée Victor-Hugo.
Un seul regret, quitter ses voisins
Même impatience pour son frère Mimoun. « Ici, toutes mes démarches sont bloquées », dit-il. Il envisage une formation numérique, à laquelle il avait dû renoncer. Il ne quittait plus la maison que porté par des voisins, en cas d’urgence.Il sera autonome pour ses soins, ses séances de «rolling foot» (football en fauteuil), pour militer, pour vivre. Il ne sera plus obligé de ramper du salon à sa chambre parce que son fauteuil, là-bas, passera les portes. Un regret, pour Najat, quitter ses voisins. « Ça me rend triste. Ici on s’invite à manger, on s’occupe des enfants des autres, on est comme une famille. Même s’il y a du bazar, de la saleté, les gens se respectent. »
Deux étages plus haut, Elena ne sait pas où elle vivra. « On a quitté Paris pour acheter un F3 ici à 70 000 € en 2010 avec un crédit jusqu’en 2025, on nous en propose 49 000 €… Je ne suis pas folle pour vendre à ce prix », dit cette mère de famille qui sait peu de choses des expropriations à venir. Le propriétaire qui leur avait vendu l’appartement en 2010 s’était bien gardé de leur dire qu’il fallait payer 1 300 € de charges par trimestre. Si Elena l’avait su, elle n’aurait pas acheté.
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